Retour dans le passé.

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Dans le passé, les femmes étaient considérées comme un bien. Elles étaient propriétés de leurs pères et devenaient propriétés de leurs époux une fois mariés.

Elles ne possédaient rien en propre. Leurs biens étaient administrés par leurs pères puis par leurs époux.

Un père pouvait décider de mettre sa fille au couvent sans son consentement.

Dans le passé, les femmes étaient considérées comme inférieures à l’homme. Incapables de se tenir, elles étaient gouvernées par leurs émotions, et c’est pour cette raison qu’elles n’avaient pas le droit de vote.
Après tout, des femmes qui ne comprennent rien à la politique et à l’économie, hors de question qu’elles puissent donner un avis stupide sur des questions du quotidien.

Dans le passé, une femme était soumise au caprice de son corps. Elle n’avait pas le droit d’avoir une contraception. C’était d’ailleurs un motif valable pour être tué par son époux ou par son père.

Dans le passé, une femme se devait d’enfanter. Et dans la joie et la bonne humeur. Les femmes stériles étaient considérées comme inutiles.

Dans le passé, une femme se devait de rester à la maison, de tenir son foyer et d’être aux ordres de son époux.

Dans le passé, des femmes se sont battues pour prouver qu’elles étaient les égales des hommes et nous permettre d’avoir le droit de vote.
Dans le passé, des femmes se sont battues et faites traiter de salopes pour avoir brisé le tabou de la contraception et du droit à un avortement sans danger.

Retour au présent.

En 2013, les femmes sont à peu près les égales des hommes. Elles ont le droit de vote, elles ont même leur place au gouvernement.
Les salaires sont encore bien trop souvent inférieurs à ceux d’hommes au même poste mais bon.
En 2013, les femmes ont le droit de ne pas être QUE des poulinières. Elles ont le droit de prendre une contraception et donc d’accueillir un enfant quand, et seulement quand elles seront prêtes à le faire, physiquement, moralement, matériellement et économiquement parlant.

En 2014, l’Espagne retire le droit à l’avortement
En 2014, des députés français tentent de faire passer un texte de loi pour faire de même.

Et dans tout cela, quand, nous les femmes, avons-nous été consultées ? Quand nous as t’on posé la question de savoir ce qui était le mieux pour nous ?
Depuis quand l’église s’immisce dans les affaires de l’État ?

Car j’ai lu des gens dire qu’il était temps que le gouvernement suive les préceptes de la religion.

Mais au nom de qui, de quoi ?

Dans ce cas, pourquoi ne pas suivre les préceptes juifs ? Musulmans ? À quand le voile obligatoire ?

Jusqu’à présent, j’ai beaucoup lu sur le droit ou non à l’IVG. Articles de presse, billets de blogs…
Jusqu’à présent, j’avais décidé de ne pas me lancer dans cette polémique.

Puis hier j’ai donc découvert que l’on tentait en France d’interdire l’IVG.

Je ne peux plus me taire.

Surtout quand ceux qui se battent pour garder ce droit se font insulter, traiter de meurtriers.
Surtout quand je lis des inepties pour justifier ce retour en arrière.

Alors, à ceux qui me diront que je suis une meurtrière en puissance (souvent des gens qui suivent l’enseignement de l’église), je répondrais : et toi, qu’est tu ?
Ton Dieu n’a-t-il pas dit « Ne jette pas la première pierre ? » ou encore « Ne juge pas si tu ne veux pas être jugé »?
Ton livre saint n’est-il pas celui qui dit que l’on peut tuer sa femme en cas d’adultère, ne faire l’amour que dans le noir et dans son lit, que l’on peut couper la main du voleur « oeil pour œil, dent pour dent »
Ta religion ne t’enseigne-t-elle pas que la femme est inférieure, et qu’elle doit être obéissante et soumise à l’homme.
Donc, toi qui me juges meurtrière sur les bases d’une religion qui n’a pas sa place dans un État laïc, je te traite d’esclavagiste…

À ceux qui diront qu’il faut réglementer pour ne pas en faire un moyen de contraception de « confort », savez-vous vraiment de quoi vous parlez ?
Avez-vous déjà vécu un avortement ?
Avez-vous déjà dû prendre cette décision ?

Où est le confort quand en ingurgitant un cachet, on doit subir plusieurs heures de contractions douloureuses, perdre du sang et découvrir un morceau de tissus sanguinolent dans ses toilettes, sachant très bien ce qu’il représente ?

Où est le confort de devoir subir une anesthésie (ce qui est toujours un risque en soi) pour que l’on nous enfonce un tube dans le vagin et que l’on y aspire ce qui y est, avec, pour conséquences, douleurs et saignements pendant plusieurs semaines par la suite ?

J’entends « Je connais une personne qui connaît une personne qui fait cela comme d’aller chez le coiffeur »
On connaît tous une personne qui connait une personne qui connait une personne…
Mais connaissez-vous vraiment une personne qui vous a dit à vous « Mince, je suis enceinte, mais c’est pas grave, j’adore aller me faire avorter ! »

Je n’ai jamais avorté. J’ai pourtant vécu six grossesses et je n’ai que trois enfants.
Sur 6 grossesses, seule la 5e était prévue et désirée. Les autres étaient des accidents.

Encore un oubli de contraception ? Quelle conne aussi, cette fille, avec tous les moyens d’aujourd’hui, tomber enceinte par accident, faut arrêter !

Mon premier, j’étais sous pilule et nous utilisions des préservatifs… C’est vrai, je suis trop conne, j’aurais dû savoir que ce n’était pas suffisant, hein ?
J’ai fait une fausse couche à 12 semaines de grossesse, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps pour un bébé que je ne désirais pas.

Mon second, j’étais sous pilule. Merde alors. « Mais elle ne sait pas utiliser une pilule ou quoi ? »
Fausse couche à 8 semaines.

Mon troisième, j’étais sous préservatifs. Merde bis. « Putain, mais il faut être con pour ne pas savoir utiliser un préservatif »

Mon 4e, je venais de reprendre la pilule après plus de deux ans d’essai. Trois mois après la reprise : Bingo !
Il aura sept ans dans quelques semaines.

Ma 5e, donc était désirée.
Elle aura six ans en juillet

Mon 6e, j’ai appris être enceinte de près d’un mois pendant une hospitalisation. Parce que l’on devait me faire une radio, ils ont d’abord fait un test de grossesse, bien que je leur aie expliqué qu’il était impossible que je sois enceinte.
POSITIF. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Pourtant, j’avais pris toutes mes précautions. Faut croire qu’un stérilet, ce n’est pas suffisant, hein, je suis trop conne d’avoir fait confiance, n’est-ce pas ?

Pourtant, il aura 4 ans en juillet. Et je l’aime d’amour, même s’il n’est pas arrivé au bon moment.

Hyperfertilité. Voilà, voilà. Ca m’a fait doucement rigoler quand on m’a dit ça. Comment ? Moi, hyperfertile ? Alors que pendant près de 3 ans sans contraceptif, je n’étais pas tombée enceinte, au point que ma gynéco avait prévu une aide à la procréation ?
Et pourtant c’est vrai. Et pire, je ne réagis pas aux progestatifs.

Comment le sais-je ? Parce que j’ai fait poser un stérilet après mon dernier. Et que 6 mois après, lors de la visite de contrôle, ma gynéco m’a appris que mon utérus ne se comportait pas normalement. Au lieu d’être asséché par le stérilet, et donc d’empêcher une nidation, il se comporte comme si je n’avais rien. YOUPI ! Donc, si j’avais fait l’amour, j’aurais pu tomber enceinte. Bien bien.
J’ai ôté le stérilet.

Depuis, ma vie amoureuse est calme. Très. Trop. Nous avons peur que le moindre câlin ne se finisse avec une grossesse. Que nous ne voulons pas assumer.

Alors, au lieu d’interdire l’IVG et de juger celles qui y ont recourt, peut-être serait-il bon de fermer sa gueule et de regarder chez soi d’abord…

Parce qu’après avoir interdit l’IVG, qu’est-ce que ce sera ? Interdire la contraception pour ne pas empêcher des vies en devenir ? Puis, retirer le droit de vote aux femmes parce que, merde, après tout, elles ne sont bonnes qu’à faire des gosses.

Ceci est mon pavé dans la mare

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Crédit image : Les madeleines de Maddy

4 commentaires sur “Retour dans le passé.”

  1. Tout y est. Tu as trouvé les mots justes. Cette histoire me fait penser au mariage gay. Parce que finalement, c’est juste que ça emmerde ces pseudos croyants, qui sont rappelons-le, les premiers à partir en guerre et tuer leur prochain. Les femmes doivent toujours garder en mémoire que rien n’est acquis. Et contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, nous n’avons jamais été considérées et encore moins traitées, comme les égales des hommes.

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