Appeler à l’aide et mettre son orgueil dans sa poche.

nurse-burnout

Tu l’as vu, je n’avais pas trop la forme dernièrement.

Ça avait commencé avec la fatigue, insidieuse. Je n’arrivais plus à faire des nuits de plus de 4h, j’étais épuisée.

Puis ça a continué avec les soucis de comportement de Tisinge, à l’école, qui a fait intervenir le psychologue scolaire. Qui nous a renvoyé vers le CMPP. Qui nous dit qu’un suivi est nécessaire.
Et les soucis avec sa maîtresse démissionnaire.

Il y a eu aussi les soucis avec Gremlins, qui se rend malade pour ne pas aller à l’école tant l’ambiance entre élèves est pourrie.

Ensuite, il y a eu le refus de la MDA (Maison Départementale de l’Autonomie) pour que Schtroumpfette soit prise en charge via un Sessad.

J’ai essayé de garder la tête hors de l’eau.

J’ai frappé à toutes les portes pour que le suivi de Tisinge soit vraiment mis en place. Ce qui n’est toujours pas le cas à ce jour.
J’ai essayé de parler avec sa maîtresse pour qu’elle cesse de prendre cette dernière année de sa carrière avec lassitude. Mais je parle à un mur.
J’essaye de rester zen mais la moutarde me monte au nez.

J’ai eu de longues conversations avec Gremlins. J’ai vu sa maîtresse en urgence. Qui m’a dit être démunie devant la population difficile de l’école. Elle m’a également dit qu’elle allait surveiller plus attentivement Gremlins. Mais sans garantie que cela fonctionne.
Du coup, rien n’est solutionné, et mon loulou a toujours une boule au ventre pour aller à l’école.

J’ai été à la MDA. Appeler tous ceux que je pouvais. Fais appel de la décision de la commission. Entendu qu’il y avait peu d’espoir que cette dernière change d’avis. Demandé ce qui allait se passer, alors, et comment faire pour que le suivi si important de Schtroumpfette puisse continuer.

Et alors que je pensais que c’était déjà beaucoup sur mes épaules, s’est rajouté des problèmes organisationnels et financiers sur la poursuite de ma formation.

J’ai vu mon sommeil me fuir quasi totalement, le marchand de sable ne m’honorant d’à peine 2h de présence chaque nuit.
J’ai vu mes articulations me faire de plus en plus souffrir, ma tête me faire mal, mes yeux se brouiller au point de ne plus pouvoir lire plus de quelques minutes sans avoir une migraine carabinée.
J’ai vu les larmes me monter aux yeux à tout bout de champs, ma gorge se serrer, les pleurs impossibles à juguler plusieurs fois par jours.
J’ai vu ma tension dégringoler, petit à petit, au point de faire plusieurs malaises en quelques semaines.

Et puis, ce soir où, en colère contre mes enfants, j’ai éclatée en pleurs d’impuissance et j’ai vu l’interrogation et la peur sur leurs visages, j’ai entendu leurs pleurs se mêler aux miens parce qu’ils ne comprenaient pas comment une simple mise en garde pour un coucher calme puisse se changer en crise de larmes pour leur maman.

Il a fallu me rendre à l’évidence, passer outre mon orgueil, et décrocher mon téléphone pour demander de l’aide.
Ce jour là, je n’ai même pas pu me rendre en cours, tant j’étais mal.

J’ai pris rendez-vous avec mon médecin. Faillis annuler 15 fois dans la journée.

A 18h15, j’étais dans son bureau. A peine assise, je n’ai pu que dire, dans un souffle : « Je suis si fatiguée » avant d’éclater en sanglots.

Une tension très (trop) basse. Un cœur qui bat trop vite.

« Je suis fatiguée, épuisée » ai-je répété. Parce que je ne pouvais dire d’autres mots, bien plus forts, pour justifier ma présence.

Il m’a arrêté. Un mois.
A pris le temps de m’écouter. De m’entendre.

Redis à quel point il me trouvait courageuse et formidable, à quel point il m’admirait. J’ai ricané de dédain en lui disant que je ne me trouvais ni courageuse ni admirable là.
Que ma présence dans son cabinet était un vrai constat d’échec pour moi.

Alors, il a eu ces quelques mots :
« Un échec ? Bien sûr que non, au contraire. Tu aurais été en échec si tu avais décidé de fuir ton mal-être, de te mettre des oeillères. Mais tu es là, tu sais que quelque chose ne va pas et malgré ton instinct qui te pousse à te montrer forte, tu appelles à l’aide. C’est ça, le courage ! »

J’ai encore pleuré.

Je suis sortie de chez lui avec mon arrêt et mon ordonnance. Des somnifères pour réussir enfin à dormir et ne plus être épuisée.
Mais aussi un anti-dépresseur.

Je crois que c’est ce dernier traitement qui me fait le plus mal. Parce que même si les mots n’ont pas été prononcés, ce traitement pose le diagnostic.
Un diagnostic que je ne veux pas, ne peux pas entendre. Et pourtant, il le faudra.

Je vais donc devoir me battre en plus pour retrouver ma santé physique, morale et psychique.
En plus des autres combats.

Et je suis si fatiguée.

Je vais devoir faire des choix. Le 1er est celui qui me fait suspendre ma formation. Je vais donc demander un report d’un an. Le temps de guérir, de me reprendre.

Cela me mine. Et je suis si fatiguée.

Demain, le soleil brillera. Ce sera un autre jour. En attendant, je suis épuisée…

28 commentaires sur “Appeler à l’aide et mettre son orgueil dans sa poche.”

  1. beaucoup de changements aussi dans ta vie depuis l’été aussi… Tu es humaine, il est difficile voir impossible de supporter tout ça sans vaciller un peu … repose toi, prends soin de toi, pense à toi et courage <3

  2. tu as bien évidemment fait le bon choix n’ayant pas d’autres solutions .Continue à prendre soin de toi et de tes enfants en espérant que tous tes soucis trouveront vite une solution.Bon courage

  3. Oh ma pauvre comme je te comprend ,comme je compatis et comme je me retourne dans tes mots…la solution de suspendre ta formation peu etre bénéfique pour que tu te retape et reparte du meilleur pied ! Tu as vécu plein de chose une pause pourrais être bien pour toi et tes enfants qui sont des éponges … Les miens surtout le petit doit en être une grosse se qui expliquerais son comportement concernant le dodo …
    Pour se qui est de l’antidépresseur attention … J’en est pris , ça n’aide rien et moi ca me défonçais la tête a ne plus rien y comprendre … Essaye peu etre déjà de dormir , de te reposer … Je ne suis pas medecin je te parle de mon expérience …
    J’espère que tout ira mieux vite ! Je suis de tout cœur avec toi !

    1. Je n’arrive pas à me décider à prendre l’antidépresseur. Je vois ma psy vendredi prochain, je verrais avec elle.
      Je ne prends que le somnifère mais pour le moment, aucun progrès.
      Merci en tout cas 😉

  4. Il y a des moments dans la vie face auxquels on ne peut lutter…il vaut alors mieux se préserver. Alors je vous souhaite un bon.repos mérité.
    Amicalement
    Muriel

  5. Difficile d’être dans le creux de la vague, difficile l’épuisement moral, nerveux et physique. Je connais et je comprends. Je peux seulement te dire qu’un jour on finit par respirer, revivre, remonter la pente. Alors garde espoir et je te souhaite tout plein de courage pour traverser l’épreuve. En tout cas tu as fait ce qu’il fallait : appeler à l’aide, se faire accompagner, accepter de ne pas être superwoman… Repose-toi!

  6. Je pense que toutes les mamans solos on en passe par là un jour ou l’autre (peut etre meme les autres). Bref, moi je vis cette situation depuis plus de 2 ans maintenant, mon conseil, puise ta force aupres des tiens, de ton entourage familial et de tes amis aussi, aupres de tes enfants… Un jour après l’autre, tout doucement. Un pas puis un autre… Et un jour tu verras, le soleil brillera à nouveau 😉
    Gros bisous ma vany

  7. Bonsoir
    J’étais dans la même situation il y a 18 mois. Éreintée mais ne voulais pas demandée quoi que se soit a qui conque et pourtant il a fallut car quand j’ai commencée a pleurée sans aucune raison devant mon fils aîné la je me suis dis y a un problème j’ai été voir mon doc et ma prescrit un truc pour dormir et un antidépresseur et la je lui est dis mais pour ma tension basse il ma dit d’attendre un peu et elle est remonter légèrement sauf qu’elle redescend aussitôt que je suis très tres tres fatiguée.
    Courage

  8. Rooh que je me retrouve dans tes mots..
    J’ai eue un pétage de câble au boulot vendredi dernier..qui m’a value un tour aux urgences..
    Les mots des infirmières et du toubib “Vous faites du surmenage, madame” Je ne comprenais pas ms après explications j’ai éclater en sanglots..
    Trop de soucis..Trop de fatigue..Trop de pression..Trop de combats etc…
    A ne pas vouloir demander d’aide j’ai craquer..
    Alors tu n’as aucune raison de culpabiliser..tu n’es ni faible..mais juste une maman qui aime ses petiots et qui veut bien faire.
    Courage…

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