Quand le corps dit stop

J’ai été absente depuis plusieurs mois. Je l’ai écris ici et sur la page facebook à plusieurs reprises.
Je me sens un peu coupable de donner l’impression que je délaisse le blog. Agacée aussi de me sentir ainsi, car je sais que je n’ai aucune obligation et que personne ne me demande de comptes sur ma présence ou mon absence.

Pendant ma dernière grossesse, les multiples problèmes de santé rencontrés m’ont vidés du peu de force et d’envie que j’aurais pu avoir pour écrire, malgré les billets que j’imaginais et écrivais par dizaine dans ma tête.

Puis la naissance de PetitPépin, les jours difficiles dont je vous ai fait part sur la page, avec un bébé pleurant jour et nuit. Le RGO. Les problèmes qui se sont multipliés et aggravés pour Tisinge, et qui ont aboutis au diagnostic d’hyperactivité.

La mise en place de l’Itep, les divers rendez-vous, les suivis, les équipes de scolarisation, sa déscolarisation totale courant avril pour un Itep a temps complet..

Les vacances m’ont trouvés épuisée, avec l’impression de ne pas arriver à me reposer, même sans les aînés, même avec les quelques bonnes nuits que me faisait PetitPépin.

Je ne pourrais pas dire que c’était insidieux. J’ai vu le pire arriver, petit à petit. J’ai vite repéré les signes.

J’ai passé la soirée de la veille de la rentrée à pleurer, tant je n’avais pas envie de reprendre les horaires, les suivis, les rencontres avec l’école, les professionnels….

Le jour même de la rentrée, j’ai perdu ma voix. Impossible de parler, totalement aphone, une jolie trachéite. Acte pas manqué pour ne pas communiquer avec tous ces gens qui en aurait pourtant eu envie/besoin pour commencer cette nouvelle rentrée.

Je suis arrivée chez mon médecin traitant en rendez-vous en urgence en pleurant à peine dans son cabinet, incapable de dire quoi que ce soit d’autres que “je suis épuisée, je n’en peux plus, je suis fatiguée, je n’y arrive plus”.

Le burn-out, celui-là même contre lequel je m’étais déjà battu était de retour. Plus fort, plus virulent. Plus épuisant.
J’ai entendu mon médecin, celui-là même qui avait su la première fois que ce n’était pas une dépression contrairement aux autres, me dire que cette fois, je devais accepter et admettre que j’avais besoin d’aide.

Et j’étais tellement, tellement épuisée que j’ai accepté sa prescription. Les anti-dépresseurs et l’anesthésie des sens qu’ils peuvent procurer me parait tellement enviable actuellement.

Prendre du temps pour moi, c’était son autre ordre. Quelque chose que j’ai du mal à faire, tant je ne sais plus comment faire en fait pour prendre du temps vraiment pour moi et qui me ferait du bien, et pas seulement s’abrutir devant l’écran de télévision.

Le lendemain soir, le lumbago est arrivé. Douloureux et limitant. Encore des larmes.

Puis des douleurs au bras gauche et à la poitrine me conduisant une semaine plus tard aux urgences pour “vérifier”.

Rien au cœur, comme je le suspectais. Du moins, rien de médicalement visible.

On m’a parlé ensuite d’embolie pulmonaire, écartée le lendemain par une scintigraphie, la première de ma vie.

On m’a parlé hernie hiatale, que je dois vérifier dans quelques jours avec mon chirurgien bariatrique.

Puis après une amélioration de la douleur de mon dos depuis quelques jours, hier, de nouveau une douleur fulgurante, avec engourdissement et perte de sensation dans la jambe droite.

Passage chez mon médecin, son remplaçant me donnant un traitement de cheval contre la douleur et me conseillant de revoir mon médecin à son retour pour envisager des examens pour une possible hernie discale.

Et moi, dans tout ça, je suspecte qu’il n’y aura rien. Ni hernie hiatale ni hernie discale.

Je crois surtout que mon corps me donne un violent message, pour me dire “Stop, arrête, tu pars en vrille moralement parlant, tu ne veux pas le prendre en compte, du coup, je vais t’y obliger de façon physique”.

Et je culpabilise. Je m’en veux de me sentir comme ça, de ne pas réussir à me sortir de ça alors que je sais, connais ça. Je l’ai déjà vécue, je devrais pouvoir le vaincre rapidement non ?

C’est si vicieux, le burn out. Tu as toujours des envies, du plaisir à faire quelque chose, mais tout t’épuise.

Je suis ravie d’aller voir ou de recevoir des amis mais une fois chez eux, je suis oppressée, envahie, et ne pense plus qu’à rentrer chez moi au calme.

J’ai des tonnes de choses qui transitent dans ma tête, des choses urgentes à faire, des projets, des idées. Mais qui n’aboutissent à rien tant le moindre effort même non physique, me laisse épuisée.

PetitPépin désormais à la crèche, mes journées se résument à déposer tout le monde dans les différentes écoles entre 8h et 9h, faire un peu de rangement, passer quelques coups de fils puis me poser quelques minutes qui deviennent des heures de sieste.
Au point que j’ai dû programmer une alarme pour être sûre de me réveiller pour aller récupérer les enfants le soir.
Et malgré ses siestes, dès 20h, je suis épuisée, et m’endors avant même le début du film du soir jusqu’au lendemain.

Mon cerveau est devenu un gruyère, plus rien n’y reste. Je dois tout noter, idées, rendez-vous, choses à faire. Jusqu’à me mettre des alarmes pour les plus importants, pour être sûre de faire les choses, de ne rien oublier.

Et je me suis isolée. Socialement, c’était déjà le cas l’an passé. L’itep et ses horaires ont fait que je n’ai quasi plus de contacts avec les parents de l’école avec qui je parlais et sympathisait avant.

Et amicalement. Tant j’ai l’impression de n’avoir rien à faire/offrir à mes amis, tant je ne veux pas déranger.
Alors j’ai perdu en route certaines personnes qui m’étaient pourtant proches, importantes, incapable de les retenir, de leur expliquer ou de leur parler. Certaines se reconnaîtront peut être et elles auront raison.
Je ne snobe personne, je ne me fiche pas de leurs vies, mais ça finit par y ressembler malgré moi.

Mais je suis incapable de faire le pas de les appeler, m’excuser, expliquer, essayer de maintenir un lien qui se délite faute d’être un minimum alimenté par moi.

C’est épuisant d’avoir des amis, de la famille. Des enfants.

Pourquoi j’écris tout ça ? Pour me dédouaner ? non.
Pour expliquer peut être. Pour montrer que non, tout n’est pas tout rose derrière l’écran, que parfois, on sombre doucement, silencieusement, et que ça n’arrive pas qu’aux autres.

A plusieurs reprises, j’ai trouvé écoute, bienveillance. On m’a remercié de certains billets pas faciles parce que “je me suis sentie moins seule/bizarre”.
Et cette fois, c’est moi qui aurais besoin de savoir que d’autres ressentent ou ont ressentis ça, que non, ce n’est pas exceptionnel ou anormal, que je ne suis pas une anomalie.
Alors même qu’au fond, je le sais déjà, j’ai, je crois, besoin de déposer un peu tout cela ici, et d’être peut être rassurée.

En attendant, je me fixe des obligations : reprendre le blog, en publiant au moins deux fois par mois minimum.
Prendre au moins une heure par semaine pour faire quelque chose qui me fait du bien, même si je n’ai pas encore trouvé quoi.
Me remettre un peu à lire, ce que j’avais délaissé moi qui suis pourtant une dévoreuse de livres, pour alimenter et surtout retrouver mon besoin de lecture.

J’ai déjà vaincu un burn-out et dans le billet qui en parlait, je disais que je me savais fragile et que je pourrais plus facilement y replonger. C’est le cas. Puissance mille. Ce que je n’avais pas imaginé ni anticipé.

Mais, sachez-le, malgré mon absence, quelque chose m’a fait un bien fou. Vous. Qui avez fait acte de présence les peu de fois où j’ai laissé un statut sur la page facebook alors que vous auriez pu si facilement m’ignorer, ne pas vous donner la peine de répondre à celle que je suis devenue, invisible.
Savoir que quelqu’un répondra à mes questions, qu’il y aurait une réponse, une discussion à mes posts, c’est juste fabuleux.

Alors merci. D’être là, plus fidèles que je ne le suis et ne le mérite <3

11 commentaires sur “Quand le corps dit stop”

  1. J’ai connu sa aussi à la naissance de mes filles
    Je vous souhaite tout le courage possible et plein d’onde positive c’est dur très dur
    Prenez soin de vous même si c’est peu même si l’env N’y ai pas … un petit coup de mascara ou même juste s’appli De la crème sur le visage tenter de le faire sa vous aidera à vous sentir mieux petit à petit
    Plein de bonne onde et si vous souhaitez discuter sa sera avec plaisir
    Courage

  2. Je me retrouve tellement dans ce que tu dis, je suis dans la même situation et j’ai l’impression de m’enfoncer de plus en plus ! Je dépose les enfants à l’école et après je « végète » dans le canapé toute la journée, et le soir je n’ai qu’une envie c’est de me coucher

  3. Bisous de soutien la vie de maman, de femme, d’epouse, de femme active c’est parfois trop, juste trop courage pour te remettre de cette période difficile

  4. Eh bien moi, je trouve ce billet plein de bon sens, de sagesse. De courage. Oser se montrer tel qu’on est n’est pas chose facile… Je suis passée par une période semblable à celle que tu décris quand ma fille aînée était toute petite. Sauf que je voulais donner le change, faire croire que tout allait bien, j’avais peur du regard que les gens porteraient sur moi s’ils savaient vraiment dans quel état j’étais, peut-être que j’avais honte… Et je crois qu’avant tout, c’était la culpabilité de ne pas être la mère que j’avais rêvé d’être qui me mettait dans un tel état, ensuite, me voyant aller mal, ma culpabilité s’emballait et c’était un vrai cercle vicieux… Je crois que ça a commencé à aller mieux quand j’ai accepté de me voir telle que j’étais, un peu perdue, pleine de doutes, de questions. En ce sens, l’introspection à laquelle tu te livres est un sacré pas en avant, je trouve. Mine de rien, pouvoir mettre des mots précis sur ce qu’on ressent démontre un vrai début d’acceptation, de prise de recul. De lâcher prise. Bises à toi !

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