Petit décodeur illustré de l’enfant en crise

J’avais vu ce livre passer à plusieurs reprises dans mes propositions amazon, et je l’avais mis dans ma liste d’envie.

Aux Efluents Summer, un stand était dévolu aux Éditions Mango et Fleurus, et je n’ai pas pu résister à l’achat de plusieurs de leurs titres, comme je vous le disais ici. Dont le Petit décodeur.

Le quatrième de couverture est déjà plus qu’alléchant, avec cet espèce de tableau « Tel qu’il est → tel qu’il est vu » qui est plutôt bien pensé.

Le livre fait 190 pages et se lit extrêmement bien et facilement.
En effet, la plus grande partie se présente sous la forme de mini-bd avec un petit texte court concis d’accompagnement.
Seules les 20 dernières pages sont de la lecture pure, avec juste quelques petites illustrations.

Il se décompose en 6 grands thèmes :
– Il ne veut pas
– Il ne gère pas
– Il se trouve nul
– Il prend tellement de place
– Avec les autres, c’est compliqué.
– 10 pistes pour avancer sur notre chemin éducatif…

Et chacun entre 5 à 10 situations comme « Il ne veut pas aller à l’école », « Il voudrait y arriver du premier coup » ou encore « Il semble mal élevé »

J’ai particulièrement apprécié ce traitement sous forme de mini histoires dessinées, où l’illustratrice va jusqu’à faire répondre les personnages aux questions que pose le livre, comme on peut le voir dès les premières pages.

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que des raisons sont bien expliquées, et de façon ludiques pour chaque comportement. On y apprends ce qui peut pousser un enfant, que ce soit psychologiquement que biologiquement ou physiquement a adopté les comportements que le parent voit comme problématique.
A plusieurs reprises, les auteures insistent sur le fait que ce n’est pas tant le parent qui souffre que l’enfant. Le parent, lui, est plus démuni ou en colère devant le comportement en question. Mais il faut se recentrer sur l’enfant et sur ce qu’il cherche à nous dire.

Ce livre surfe parfaitement sur la tendance de « l’éducation bienveillante ». J’ai beaucoup de mal avec ce principe car pour moi, hormis personnes malades, aucun parent ne donne sciemment une éducation malveillante à son enfant.
Est ce malveillant de crier, de perdre patience ?
Pour ma part, c’est un grand non. Car je considère que tout humain a le droit de craquer, les parents comme les autres, et qu’il n’y a aucune honte à le faire devant ses enfants.

On peut tout à fait se mettre à hurler de colère ou frustration sur son enfant sans être dans de la maltraitance, comme je le lis souvent.
Il suffit de savoir ensuite s’excuser, reconnaître avoir eu tort et trouver avec les concernés des astuces ou méthodes pour ne plus en arriver à de telles extrémités.

Personnellement, je me rappelle avoir dit une fois, à bout de nerf « Vivement que vous retourniez chez votre père, et restez y, je n’en peux plus de vous ».
J’ai conscience que mes propos sont violents. Et pour moi, et pour eux. Constat d’échec pour moi, insécurité pour eux.
Après avoir pris un peu de distance, j’ai repris ce moment avec mes enfants, en expliquant que oui, je n’aurais jamais du dire cela, puisque si je l’ai pensé sur l’instant, je ne voudrais malgré tout pas qu’ils ne vivent plus avec moi.

En sont-ils traumatisés ? Je ne pense pas. Insécurisés ? J’en doute.
Peut-être m’en reparleront-ils quand ils seront adultes et me feront des reproches. J’assumerais, m’excuserais. Et en attendant, je continuerais à essayer de m’améliorer comme parent pour ne plus craquer ainsi. Ou trouver d’autres façons d’exprimer ma colère.

Je suis extrêmement patiente avec mes enfants. Je punis finalement assez peu, je préfère la réparation à la punition pure
Et je préfère toujours essayer de parler, pour savoir pourquoi on en arrive là et que faire pour que ça ne se reproduise plus.

C’est exactement ce que propose ce livre : essayer de comprendre le pourquoi, et donner des pistes de réflexions pour éviter d’autres crises.

Néanmoins, ce n’est pas un guide, il ne fera pas de miracle.
J’ai été parfois un peu dubitative devant le manque de nuance, comme pour le « Il provoque, répond, est insolent » qui, pour l’auteure, semble n’avoir que deux explications plausibles : trop de limites ou pas assez.

Et de là, les solutions et pistes de réflexions proposés sont axés sur ces deux possibilités. Quid de la possibilités que les limites soient correctes, et que ce soit l’enfant qui ne les supportent pas ?
Car pour avoir fait intervenir des éducateurs dans notre famille suite aux problèmes de comportements de Tisinge, je sais que mes limites et demandes sont claires et cohérentes, et que le problème vient de la façon dont mon fils ne supporte pas ces limites et règles pourtant correctes.

J’ai donc trouvé ce paragraphe plutôt réducteur et culpabilisant pour les parents, car on sous-entends que le problème vient forcément d’eux et de leurs limites.

Seuls quelques thèmes m’ont posés ce soucis.

Le reste m’a semblé de bon sens. La réaction première que propose ce guide est de formuler ce que semble ressentir l’enfant, même si ça nous énerve, comme dans le « Il ne gère pas le non » où le papa, pour désamorcer la crise initié par son refus de laisser l’enfant aller chez un copain lui dit tout simplement « Tu avais très envie d’aller chez ton copain » avant d’enchaîner par « ce n’est pas possible cette fois ci » et de finir par « regardons quand ce sera possible.

Sur l’instant, cela peut sembler niais, mais j’ai pu constater il y a longtemps maintenant que verbaliser l’émotion de l’enfant, lui dire qu’il a le droit de trouver les choses injustes ou d’être en colère, ça aide.
Certes, ce n’est pas miraculeux. Mais pour mes enfants, ils se sentent écoutés, avec le droit d’exprimer leurs émotions et en général, cela permet de faire redescendre la pression.
En expliquant ensuite le pourquoi de la décision, et en trouvant un compromis, en général, le conflit se résous alors assez facilement sans crises.

Ce qui est finalement assez logique, quand on y pense : en effet, comment réagirions nous si on nous opposez une fin de non recevoir, sans explications, sur quelque chose qui nous touche. Nous nous énerverions, trouverions la situation injuste.
Alors certes, nous ne ferions, pour la plupart, pas de crises. Mais chez l’enfant, dont le cerveau est encore en pleine maturation, gérer ces émotions parfois très voir trop fortes entraînent très logiquement des crises.

A nous, parents, de les aider à trouver le chemin de sortie de la crise, et lui apprendre ainsi pour les prochaine fois à trouver en eux les ressources pour l’éviter.

A côté de ça, ce livre m’a appris pas mal de petites choses sur la chimie du cerveau et sur le processus qui emmène à la crise.
Et j’ai adoré cette roue qui explique le pourquoi des relations compliqués selon le type d’enfants. J’y ai effectivement très bien retrouvé mon hyperactif et ce qui fait que pour lui, les relations sociales sont compliquées.

Bref, j’ai vraiment apprécié ce livre qui permet tout de même de dédramatiser et de comprendre la crise de l’enfant.
On se sent toujours en faute, mauvais parent quand nos enfants crisent.
Arriver à passer outre ce sentiment et à se concentrer sur l’enfant permet déjà de relativiser et d’être finalement bien plus patient et compréhensif. Et l’enfant le ressentant, la crise s’estompe plus vite, et moins forte.

Quand j’ai fini par réaliser que les crises n’étaient pas une provocation ou une remise en question de mes enfants face à mon éducation, j’ai tout de suite était beaucoup plus ouverte et patiente.
Et finalement, les crises sont devenues rares, puis quasi inexistantes. Un cercle vertueux finalement, qui reste néanmoins fragile, surtout sous le regard jugeant des autres pour qui, un parent qui ne réprime pas fermement une crise est un parent laxiste.

Je crois finalement que ce livre peut permettre à certains de s’autoriser à se faire confiance et à se moquer du regard des autres.
Le plus important, finalement, c’est notre enfant, pas ce que pense cette dame qui fait ses courses au supermarché !

Petit décodeur illustré de l’enfant en crise – Quand la crise nous fait grandir de Anne-Claire Kleindienst et Lynda Corazza aux éditions Mango. 14,95€

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