J’ai un gros passif avec l’éducation nationale.
Trois enfants, trois surexcités, cela laisse des traces.
L’an passé, pour Schtroumpfette, il avait été décidé de lui adjoindre une AVS (aide de vie scolaire) afin de lui permettre une meilleure intégration possible au sein du groupe classe.
Les démarches ont commencé en mars de l’année précédente (donc 2012) pour la rentrée 2012/2013.
Le pédo-psy, le neuropédiatre, l’orthophoniste, le psychomotricien et même le personnel éducatif de l’école de ma fille était d’accord sur ce point : il lui fallait une AVS et au minimum 12 h par semaine.
Je vous passe les méandres de l’administration, la lenteur de la prise en compte de la demande.
Car il faut savoir que les dossiers pour la rentrée doivent être déposés avant le mois d’avril.
Nous nous y étions pris un mois avant. Large donc. Mais c’était sans compter la psychologue scolaire, qui doit absolument signer la demande et la transmettre à la MDPH (Maison Départementale Pour le Handicap)
En juillet (2012 donc), pas de nouvelles. Bon… Je ne m’inquiète pas.
15 août, toujours rien. Je suis pourtant censée recevoir la notification d’acceptation de la demande et la transmettre à l’école.
J’appelle la directrice de l’école, au cas où (encore merci à elle de son investissement. Elle m’a même donné son numéro perso pour pouvoir suivre tout cela ! )
Mais elle n’avait pas plus de nouvelles que moi.
20 août. J’appelle la MDPH. Pour apprendre que notre dossier, qui était censé passer en mai, ne l’a pas été. Et qu’il n’y a pas de commission pendant les vacances, la 1re aura lieu au 20 septembre.
Je tempête, demande des explications. Et j’apprends que nous avons rendu notre dossier trop tard, « il fallait le rendre dans les temps madame ».
Pardon ? Nous l’avons rendu une semaine avant la date limite.
Et bien non. Merci la psychologue scolaire, donc qui au lieu de faire son taff correctement n’a rendu le dossier que fin juin… trois mois après l’avoir reçu de nos mains…
J’appelle partout. Impossible d’envisager une scolarisation dans les meilleures conditions sans cette AVS si importante !
La directrice de l’école fait du forcing aussi de son côté.
À nous deux, nous obtenons que l’AVS (qui s’occupe d’un autre enfant 12 h /semaine dans la même classe que ma fille) soit dévolue 6 h par semaine à ma fille jusqu’à la décision de la commission fin septembre.
C’est mieux que rien, et Sylvie, l’AVS, persuadée d’avoir bientôt son contrat de 12 h, refuse un second contrat avantageux pour s’occuper de Schtroumpfette dès que la commission aura statué.
Mais gros coup de théâtre : si l’AVS est acceptée, ce ne sera que pour 6 h /semaine.
Je ne comprends pas. Tous les professionnels reconnus et consultés ont noté qu’il fallait 12 h mini !
J’appelle, et j’apprends que 6 h, c’est bien suffisant pour une enfant qui n’est scolarisée qu’à mi-temps.
Stupeur ! La commission n’a même pas lu le dossier, en fait. Impossible. Sinon, ils auraient su que ma fille va à l’école en journée complète cantine comprise.
Nous faisons appel de la décision.
Un mois plus tard, nous avons gain de cause.
Nous pensions avoir enfin le droit de souffler. Mais c’était sans compter les non-sens de l’éducation Nationale et de l’Inspection Académique.
Car si Schtroumpfette a donc droit à 12 h, ces 12 h ne seront pas toutes gérées par la même AVS.
Et nous apprenons avec stupeur que notre fille, qui a un énorme besoin en stabilité, aura donc AVS.
Parce que, apparemment, il existe plusieurs types de contrats pour les AVS. Et qu’ils n’ont plus le budget pour payer Sylvie.
Alors que quel que soit le contrat, le tarif horaire est le même.
Je peste, décroche le téléphone mais impossible de leur faire entendre raison.
Sylvie se retrouve donc bloquée à 18 h à cause de nous, alors qu’elle aurait pu avoir un contrat de 24 h…
Nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur. En se disant que l’an prochain, cela sera mieux…
Sauf qu’en à peine deux mois, ma fille verra passer trois AVS différentes pour ces fichus 6 h qu’ils n’ont pas voulu donner à Sylvie.
La 1re se mettra en arrêt au bout de 10 jours, empêchant ainsi d’embaucher quelqu’un d’autre et empêchant donc ma fille d’avoir ses 6 h pendant quatre semaines.
La seconde, arrivée à la rentrée de janvier, s’occupera de ma fille pendant deux semaines. Puis démissionnera sans préavis pour un autre contrat plus proche de chez elle.
Oui, ma fille est un Kleenex.
Quand je m’en plaindrai auprès de l’inspection académique, on me dira que cela arrive, qu’ils ne peuvent rien y faire.
Donc, sachez-le, une AVS a le droit de s’engager auprès d’un enfant et de le lâcher ensuite comme une merde, sans préavis, si elle trouve un contrat plus avantageux pour elle.
On voit là tout le respect de l’éducation Nationale pour le bien-être des enfants, hein (réforme, toussa…
La 3e sera une femme qui restera trois semaines. Et que nous avons dû « licencier » parce qu’il est bien connu que pour des enfants à besoins particuliers et qui sont très très remuants, il faut envoyer une AVS avec un handicap physique qui la rend incapable de gérer un enfant remuant.
Cette 3eme AVS partie, ma fille me demande « C’est de ma faute si M. elle est partie ? C’est parce que je suis méchante ? »
Ok. Donc, là, autant vous dire que cela a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
J’ai donc repris mon téléphone. Appeler une nouvelle fois la personne qui gère les AVS à l’inspection académique de Nantes. Gueuler. Fort. Me déplacer. Gueuler encore plus fort.
Puis de guerre lasse menacer de soumettre tout cela aux journaux. Le faire. Leur envoyer l’article prêt à être publié.
Tout cela, pour enfin, que l’on se préoccupe vraiment du bien-être de ma fille. Qu’on lui envoie une AVS vraiment professionnelle. Et que l’on me promette que l’an prochain, ma fille aura ses 12 h avec une seule et même personne. Sûre !
J’ai exigé que ce soit Sylvie, menaçant de sortir l’article.
J’ai obtenu une promesse écrite.
Cette année, donc, ma fille a bien Sylvie, 12 h par semaine.
Sylvie qui est en fait 24 h (donc toute la journée et tous les jours) sur la classe pour ma fille et un camarade.
Un vrai luxe, et pour ces deux enfants qui bénéficient d’une présence tout le temps.
Et pour la maîtresse et l’atsem qui ont une troisième paire de bras et d’yeux.
Et pour les enfants de la classe.
Il aura fallu batailler.
Et c’est horrible de penser qu’il aura fallu menacer, tempêter pour qu’enfin on prenne en compte les besoins d’un enfant plutôt que d’obscurs intérêts financiers.
Alors, M. Peillon, quand je vous entends dire que votre réforme est pour le bien de nos enfants, j’ai juste envie de vous rire au nez.
Réformer donc d’abord les problèmes existants. Ce serait déjà pas mal.
Je suis consciente de ma chance, tout de même. Les problèmes de ma fille ne sont pas « graves »
Mais sachant ce que j’ai vécu pour « si peu », j’ai une énorme pensée pour les parents d’enfants plus lourdement handicapés !
Crédit photo : Vidberg
Je remonte ton blog parce que je n’ai pas suivi depuis le début et je découvre,effarée, ta bataille pour obtenir de l’aide.
Je suis dans l’Education Nationale et j’ai honte pour cette institution quand je lis des choses pareilles.
Je savais qu’au niveau des AVS il y avait des soucis de recrutement mais là c’est vraiment scandaleux.
Bravo à toi d’avoir insisté pour le bien de ta fille, heureusement que les parents agissent parce qu’on se trouve bien souvent démunis face au peu d’aide qu’on peut apporter aux enfants dans des classes souvent surchargées en maternelle.
J’ai eu la chance d’avoir une équipe enseignante au top, et une directrice qui me soutenait. Mais c’est hallucinant de devoir en arriver à se battre pour ce genre de truc !