Le by-pass et moi

Je reçois régulièrement des questions sur cette chirurgie de l’obésité que j’ai subis il y a bientôt 3 ans maintenant.

Je me suis dit qu’un billet qui récapitule un peu les démarches et les conséquences serait pas mal, du coup/

avant-apr-s

Le by-pass est donc une chirurgie de l’obésité, tout comme l’anneau gastrique, la sleeve ou encore la switch (cliquer sur le nom pour voir de quoi il retourne)

Chacune de ses interventions a ses spécificités, ses indications et ses résultats.

Je vais essentiellement vous parler du by-pass et de comment ça se passe en Maine et Loire.
Sur ce billet, de La Pirate, vous retrouverez les démarches pour une sleeve

Pour bénéficier d’une telle chirurgie, les conditions sont draconiennes. On ne se fait pas opérer pour perdre 15 kg ou parce qu’on est incapable de ne plus manger des cochonneries à longueur de journée.

D’ailleurs, pour être pris en charge, il y a 3 critères obligatoires :
Avoir une IMC supérieur ou égale à 40. On peut accepter d’opérer des gens avec une IMC à 35 à la condition express qu’il y ai des comorbidités (diabète, hypertension artérielle, apnée du sommeil)
– Prouver que vous avez eu un suivi diététique et nutritionnel de qualité pendant au moins un an.
– Avoir fait les différents bilans médicaux demandés.

Pour rentrer dans ce protocole, j’ai pris rendez-vous avec un chirurgien spécialiste.
Ce dernier m’a expliqué les diverses opérations, puis m’a donné la liste des spécialistes avec lesquels il travaille pour faire le bilan pré-opératoire nécessaire à l’acceptation d’une telle chirurgie.
A l’époque, mon IMC était de 40 tout juste. J’avais un lourd passif de suivis diététiques, de régimes, le tout, sans résultat.

J’ai donc, dans un premier temps, dû pendre plusieurs rendez-vous :
Diététicienne/Nutritionniste : Avant l’intervention, j’ai du être suivi par une diététicienne pour voir ma façon de me nourrir, la modifier et finalement, me donner l’habitude de l’alimentation post-opératoire
Psychiatre/Psychologue : 2 à 3 séances obligatoires avant l’opération. Pour vérifier qu’il n’y a aucun souci psy expliquant le problème de poids ou pouvant mettre en échec l’opération, comme les boulimies, anorexies….
Test psychométrique : un seul, sur 1h30. On répond à des questions permettant de détecter d’éventuels troubles psy.
Pneumologue : on fait tout un bilan pour vérifier que tout va bien niveau ORL. Il y a également un test d’apnée du sommeil, qui nécessite d’être appareillé toute une nuit chez soi.
Cardiologue : là, un simple électrocardiogramme pour être sûr que tout va bien
Endocrinologue : un bilan hormonal et thyroïdien
Gastro-entérologue : une fibroscopie, en cabinet de ville sous anesthésie locale ou en clinique sous anesthésie générale pour vérifier l’état de l’estomac. Parfois, il peut y avoir des ulcères ou autres qu’il faut traiter avant l’opération ou qui peuvent tout simplement être synonyme de refus.
Anesthésiste
Gynécologue : pour vérifier que tout va bien et avoir une contraception

Avec tout ça, il y a également les bilans sanguins et urinaires.
Le tout prend de 3 à 18 mois, selon les rendez-vous et les résultats.

Si tous ces professionnels sont OK et donne un avis favorable, il reste une dernière chose à faire : une hospitalisation de 1 à 3 jours en service de nutrition/diététique au CHU d’Angers pour faire des examens complémentaires : calorimétrie, évaluer la masse grasse et l’index de masse musculaire, vérifier la densité osseuse pour avoir un point de départ pour la suite…

Une fois cette hospi passée et l’accord du chef de service, le dossier de la future opérée passe en commission, le GRATO (Groupe Angevin de Traitement de l’Obésité)
Ce sont tous les professionnels qui se réunissent pour parler du dossier, échangés et donner un avis favorable ou non.

Pour ma part, ces démarches m’ont pris près de 16 mois. Pour la simple raison que je n’étais pas encore bien sure de me faire opérer.

La journée d’hospitalisation m’a permis de découvrir que j’avais un problème de calorimétrie, qui explique pourquoi j’étais obèse et pourquoi je ne perdais rien malgré tous mes efforts.
Quand j’ai découvert ça, j’ai donc pris la décision de vraiment passer par l’opération.

En gros, le corps humain a besoin d’ingurgiter un certain nombre de calories par jour pour fonctionner. On va dire que pour une femme, ce chiffre tourne autour de 2000 calories (2500 pour un homme)
C’est un minimum à avoir pour ne pas tomber malade.
Logiquement, c’est aussi le minimum de calories que brûle le corps chaque jour pour fonctionner.

Dans mon cas, mon corps ne brûlait que la moitié des calories ingurgitées. Baisser leur nombre n’aurait servi à rien, sinon à avoir des soucis de santé.

Après la commission, tout va très vite. 15 jours plus tard, j’avais un dernier rendez-vous avec mon chirurgien pour reparler de la technique souhaité (le by-pass) et fixer une date.

2 mois après (le 16 mai), je rentrais en clinique.

L’opération, rien à dire. Je me suis réveillée après, un peu stone.
Elle se fait sous anesthésie générale et sous endoscopie. La douleur est plutôt supportable et très bien gérée par les anti-douleurs.
De l’opération, 3 ans plus tard, me reste que 3 minuscules cicatrices en forme de trait.
La douleur cède au bout de 15 jours à 3 semaines, et ressemble à d’énormes courbatures abdominales.
Je suis rentrée chez moi 3 jours après l’intervention, avec un arrêt pour un mois.

Pendant ce mois, il faut se reposer, ne porter aucune charge lourde et il y a un suivi infirmier avec des prises de sang régulières et des piqûres contre les phlébites.

Les 1ers jours après l’intervention, les repas sont légers et liquides : bouillons, soupes.
Au bout de 2 jours, on passe au mixé (purées)
Ce régime mixé est censé être maintenu pendant 1 mois voir plus, selon les personnes.
Pour ma part, il aura duré….4 jours, mon mixeur ayant rendu l’âme.
Pour remplacer, j’ai mangé des choses molles ou très cuites, en les mâchant bien, et pas de soucis.

La reprise de l’alimentation est progressive, certains aliments sont déconseillés pendant un certain temps, le temps que l’estomac se ré-habitue.
Un peu comme un enfant, on ré-apprend à manger.

Les 1ers jours, les quantités sont minimes : j’étais calée avec 2 cuillères à soupe de pâtes. Et si je buvais, je n’avais plus du tout faim.
Ça s’améliore avec le temps;)
Désormais, je peux manger une assiette « normale » (l’équivalent de 100g de viande + 100g de légumes + 100g féculents)

Après l’opération, on mange en « fractionné ».
En gros, on mange 6 fois par jour.
Pour moi, c’était énorme (et ça l’est toujours) et j’avais trouvé une astuce via ma diététicienne : je mange mon dessert en décalé.
Donc, petit-déjeuner – collation à 10h (fromage blanc, jus de fruit) – repas du midi – 16h – repas du soir sans dessert – Dessert 1h plus tard.
Je ne respecte pas toujours très bien tout cela mais l’important est de manger à sa faim.

Pendant un certain temps, je ne pouvais plus manger ni pain, ni viande. Cela ne passait pas, me rendait même malade (nausées, malaise)
La ré-introduction est venue petit à petit.
Depuis mon opération, je mange beaucoup moins de viande. Et moi qui adorais la viande rouge, je lui préfère la viande blanche.

Les goût change aussi avec l’opération. Avant, j’étais fan de coca, désormais, je trouve que ça a un goût infect.
Je n’aimais pas du tout les asperges, je les adore maintenant !

J’ai de la chance car je ne me prive de rien. Je peux manger salé, sucré, gras, comme n’importe qui sans conséquences (hormis si je fais des excès)
Certaines opérées n’arriveront jamais à remanger du fromage, du chocolat ou du pain…

Les premiers mois, on perd très vite.
J’ai perdu 16kg le 1er mois. J’avais perdu près de 50kg au bout de 6 mois, et depuis, mon poids est stable.
Ça va très vite et ça peut être déroutant.

Après un by-pass, il y a une supplémentation à vie, en général. En effet, il y a plus de risques de carences et on y pallie avec des compléments alimentaires.
C’est une des raisons qui rend nécessaire un suivi correct et annuel.
Je revois en effet mon chirurgien une fois par an. Avant de le voir, j’ai un bilan sanguin à faire pour évaluer les besoins et ré-ajuster mes traitements.
Clairement, moi et les médocs, ça fait deux. Je les oublie vite.
J’ai donc des carences et les pb qui vont avec. Je ne peux m’en prendre qu’à moi même ^^

Si je devais lister les avantages – inconvénients de l’après-by-pass :

Avantages :
– Plus de problèmes de genoux
– Plus de problèmes de dos
– J’ai récupéré mon souffle
– Je peux enfin m’habiller sans me prendre la tête
– Je peux marcher des kilomètres sans souci

Inconvénients :
– Les carences
– La fatigue un peu plus présente
– Dans mon cas, les calculs rénaux parce que je ne bois pas assez (amplifié par le by-pass)
– les malaises en cas de festin trop copieux

Pour finir, je dirais que c’est plus l’opération de la dernière chance qu’un miracle.
Et qu’il ne faut pas s’attendre à ce que l’opération fasse tout : elle est une béquille, un starter pour engendrer la perte de poids. Mais si après, vous faites n’importe quoi, vous reprendrez forcément.

Mais pour ma part, ça a changé ma vie !

20 commentaires sur “Le by-pass et moi”

  1. BOnjour ,

    je suis aussi By-passée , depuis 4 ans pour ma part ..c’est clair que ça change la vie.. je l’ai fait pour un énorme soucis de santé avec obligation de perte de poids en urgence.. ce n’était pas une démarche motivée par mon souhait premier .. mais aujourd’hui je ne regrette rien;; j’aimerai juste rajouter à ton article, que les carrences sont ultra importante à vérifier, que l’on a un traitement vitaminique à vie et que même celui ci ne suffit pas toujours à combler les carences .. 4 ans post-by-pass, j’ai caries sur caries alors que je n’en avais pas.. j’ai dévellopé aussi une complication suite au by-pass hormis le dumping-syndrom que je ne ressent quasi jamais, je fais des hypoglycémie post-prandiale … et ça c’est pas terrible a gérer non plus .. TOut ça pour dire que oui le by-pass ça change la vie, mais qu’en bien non plus, et qu’il faut s’y attendre… que le suivi par un nutri ou en service hospitalier est ultra important.. et que si le délais d’opération est assez long dans certains hopitaux, ce n’est pas pour rien ! … quand je vois que certains chir opère en 1 Mois (délais légale de reflexion) … et lachent les gens dans la nature, ça m’affole … tu as bien résumé, le by-pass est un peu l’opération de la dernière chance… désolée je ne sais pas faire court sur ce sujet 🙂

    1. Oui, voilà. Beaucoup de gens pense que c’est un miracle et que c’est que du bénéfice. Mais il y a aussi des côtés sombres à connaitre 😉

  2. Comme je le dis souvent c’est un gros coup de pouce mais si derrière tu ne suis pas ce n’est pas la peine de le faire, il faut des concessions avec ce genre d’opération et être prêt à accepter que plus rien ne sera comme avant coté bouffe. Faut se préparer psychologiquement car parfois cela peu faire peur au niveau alimentation 😉
    félicitation a toi en tout cas

    1. Et puis, ne pas tomber dans l’excès inverse, comme je l’ai vu, et devenir anorexique. J’ai du mal à comprendre les docs qui opèrent en moins de 2 mois…. :-/

  3. je rajourterai juste qu’on ne subit pas cette operation on en beneficie 😉 cvu kon la choisit 🙂 sinon cote supplementation vitaminiques cest a vie aussi pour les sleeves… vous faies plus d’examen sur Angers qua sur st nazaire ici operee en 9 mois. et ca auait pu l’etre en 6 vu que javais fait tout le tour des examens (c’est un peu moins rapide maintenant (et oui la mediatisation et les reseaux sociaux font le succes des demandes d’operations)

    1. Bénéficie, oui. Quand j’écrivais, j’arrivais pas à trouver un terme adéquat (vive la fatigue) mais c’est exactement ce terme là, bénéficier.

    2. Alors non on ne supplémente pas en vitamine a vie pour une sleeve certains n’en prenne meme jamais, la différence avec le by pass, car les aliments sont transmit comme avant avec la sleeve contrairement au by pass

      1. quand je me suis fait operee il y a 3 ans et demi, en effet ils ne supplementaient que les BP a vie… mais au vue de l’evolution de certains troubles neurologiques, et d’etude ont fait que notre equipe pluri a decide de supplementer tous les operes….sleevées et bypassées…donc bé mon azinc fait parti de ma vie….

  4. Merci pour ton témoignage !!!
    Et je vais aller lire celui de la sleeve…
    Pour moi c’est en cours…
    Résultat de la commission le 24 mars 2015 😉
    Et donc, je saurais quelle opération et quelle date 🙂

  5. Tu me donnes envie faut vraiment que je me relance dans cette démarche (jai du la stopper quand je suis tombé enceinte)
    Et quand tu dis que cest l’opération de la dernière chance cest tout à fait ca a mes yeux aussi
    Bisous

  6. Alors moi j’ai eu un chirurgien “plus cool” pour la prise en charge. Je n’ai pas eu à justifier de 1 an de prise en charge par une diététicienne et un rdv psy à suffit. Pour le suivi post opération tout pareil!
    Moi ça fait un peu plus de deux ans, j’ai perdu 55 kilos. Je ne peux plus manger de gras ni de choses trop sucrées sous peine de malaise mais je m’en accommode plutôt bien, ça ne me manque pas trop. J’ai été hospitalisée cet été pour déshydratation car comme toi j’ai du mal à boire.
    Je ne regrette vraiment rien car je “revis” je fais les choses du quotidien bien plus facilement et j’arrive à jouer avec ma fille dans le jardin ou le parc, avant au bout de 30 sec à lui courrir après j’étais essoufflée ou mes genoux me faisaient souffrir!

  7. Cest lourd comme opération et cest tres bien qie tu explique tout cela aussi clairement car parfois jentends des personnes avec 15 ou 20 kilos en trop qui parlent de chirurgie…ca me desole un peu. Jespere que ton article fera reflechir.

    1. Oui, je lis ça souvent. Des gens sans réel problème qui me disent “ah ! j’arrive pas à perdre mes 10 kg, je ferais bien comme toi” WTF ???

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