Justifier l’injustifiable

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Une chose me choque, dans la société actuelle, c’est ce penchant qu’ont les gens à justifier ce qui ne devrait pas l’être.

Et c’est ainsi que l’on peut lire des choses ahurissantes comme :

  • Cette femme s’est fait violée, mais bon, elle portait une jupe aussi
  • Cette femme s’est fait agressée mais bon, elle est séduisante, c’est difficile de résister pour un homme
  • Cet enfant a été battu, mais bon, son père l’avait été enfant, ça s’explique

Je ne comprends pas pourquoi on cherche systématiquement une justification à des actes odieux !

Pour pouvoir se dédouaner ou dédouaner le coupable, on oublie le statut de la victime en la faisant passer pour la coupable.

Ou sont les victimes maintenant ? Il n’y en a plus, chaque victime est apparemment responsable de ce qui a pu lui arriver.

Je t’ai raconté sur facebook et ici que Gremlins avait subit pas mal de chose à l’école.

Parlons clair : harcèlement.

Oui, mon fils, mon grand garçon rêveur, doux et solitaire a été régulièrement harcelés depuis la rentrée, au point de s’en rendre malade chaque matin. Au point de pleurer chaque soir. Au point de devenir agressif. Au point de commencer à détester l’école…

Dans l’éducation que je donne à mes enfants, j’essaye de leur apprendre les notions de respect, de non-violence.
Je leur ai dit des millions de fois qu’en cas de soucis, ils devaient aller voir un adulte.
Ou de venir me voir.

Mais même mes enfants, pour lesquels j’essaye de rester le plus possible à l’écoute, finissent par devenir violents et harcelants, et à ne plus aller voir les adultes.

Père Charmant leur a conseillés de se défendre, de rendre les coups.
Quand j’ai appris ça, ça m’a mise dans une colère noire.
Mais aussi, au fond de moi, j’ai compris.

Parce que comment demandé à un enfant de subir, subir, sans répliquer ni être entendu !

Parce que quand j’ai interpellé le directeur et la maîtresse de Gremlins, le directeur, devant mon fils, m’a dit, textuellement :
« Oui, nous sommes au courant et nous surveillons. Mais il faut dire aussi que Gremlins a tendance à rester à l’écart, hors du groupe. Du coup, c’est sur qu’ils vont le taquiner »

On va déjà passer le « taquiner » qui n’exprime en rien la souffrance endurée par mon fils, hein.

Non, ce qui m’a fait littéralement sortir de mes gonds, c’est qu’en quelques secondes, mon fils est passé de victime à coupable.

Le directeur venait de lui dire « Tu ne fais pas d’effort pour t’intégrer au reste du groupe donc tu te fais embêter. C’est donc de ta faute »

Après ça, comment lui en vouloir de ne plus faire confiance aux adultes ?

J’ai rougi. Je me suis mise à bégayer. Et j’ai répondu à cet homme que mon fils n’était pas un coupable mais une victime.
Que le fait qu’il ne souhaite pas copiner avec des petits cons ne leur donnaient pas le droit de le harceler.
Que je lui interdisais de dire à mon fils, devant mon fils, qu’il était responsable de la situation !

J’ai exigé des excuses et une explication.
Et que les choses changent d’ici peu, sinon, ça allait barder.

Et je n’ai plus dit à mon fils qu’il n’avait pas le droit de répliquer….

C’est d’une tristesse…

En gros, on me demande d’apprendre à mes enfants de ne pas être violents, d’être respectueux. Puis de les laisser dans la jungle entouré de tigres sans armes ni munitions.

Depuis, quand l’école m’interpelle parce que Gremlins ou Schtroumpfette (qui, elle, prend les directives de son père avait un peu trop d’enthousiasme) pour me faire part de soucis avec d’autres élèves, je ne peux m’empêcher de leur rappeler que c’est eux qui ont voulus que mes enfants deviennent violents.
En leur disant que s’ils ne rentraient pas dans le troupeau des gamins violents, ils seront violentés.
En leur disant qu’ils sont coupables de leur propre malheur.

Justifier un harcèlement en disant que la victime a tout fait pour, c’est comme justifier un viol par l’habit de la victime, un inceste par les difficultés de jeunesse du parent.
C’est idiot, sans sens et ahurissant….

16 commentaires sur “Justifier l’injustifiable”

  1. Pauvre bout de choux , petite j’étais toute seule aussi ma mere m’avais mis à la cantine en plus de l’école pour que je me fasse des copins ca n’as pas marché et les dames de cantine on demander a ma mère de me retirer de la cantine car cela leur faisait de la peine de me voir seule.
    A l’école javais 1 copine a la fois et on se foutais pas mal de moi : garçon manquer, petite naine … Je me laissait emmerdé j’avoue ne pas avoir le souvenir de se que pensait les adultes à se moment. Enfin si ma mère me disait de ne pas me laisser emmerder , jai laisser faire jusqu’au college !!! Et un jour je devais être mal luné un mec est venu m’emmerder et je lui ai foutu une patate devant tout le monde ca a ete pour moi le moment ou je ne me laissait plus faire. Il a fallu que je cogne … C’est triste mais c’est comme ca, je croit que soit on est seule et on joue des points soit on se trouve un petit groupe qui nous ressemble … C’est la lois de la jungle l’école !

    Bon courage a toi et ton bonhomme , espérons que les profs et directeur prendrons sous leurs ailes ton fils plus tot que de le rejeter comme le font les enfants ( çest prouver leur intelligence …)

  2. un billet touchant.
    Dans mon cœur de maman tes mots résonnent…. moi aussi j’ai un garçon doux, réveur et gentil, trop gentil.
    Il se fait régulièrement “taquiner” comme dirait ton directeur. Il a meme du rentrer en pantoufle un jour, car des “camarades” lui avaient piqué ses chaussures.
    Moi aussi j’amerai que mes enfants respectent les autres… mais comment ? je n’ai pas encore trouvé de solution….

  3. Salut je lis souvent ton blog mais je n’interviens jamais, mon fils aussi a été harcelé à l’école. Parce qu’il était différent (il est HQI mais je ne le savais pas encore, ses camarades, eux, voyaient la différence!)
    Bref l’équipe enseignante ne comprenant rien et n’agissant pas (hormis le punir parce qu’il n’agissait pas comme tout le monde), la solution a été de quitter l’établissement. Je sais ce n’est pas vraiment une solution, mais l’école est réellement représenté par son directeur et quand on a quelqu’un à la tête qui sait prendre ses responsabilités, ça change tout.

  4. Comme tu le dis c’est très difficile d’apprendre à son enfant le respect et la non-violence et puis, arriver à l’école, c’est la loi de la jungle et alors…c’est difficile.
    Soit il passe entre les gouttes soit il se fait “embêter” et là, si les adultes cautionnent, excusent, renversent la situation…alors les enfants n’ont plus confiance…et soi ils se renferment et souffrent comme ton petit gars soir ils cognent (comme ta fille?)…Bref, je n’arrive pas à me résoudre à lui dire de frapper mais pour avoir été victime (et “accusée par mes parents de ne pas faire assez d’efforts pour avoir des amis”) je préfère autant qu’il frappe une bonne foi pour toute pour se faire respecter que de subir ça…Pour autant, en maternelle, j’essaie quand même de ne pas l’inciter. (triste monde)

  5. Mon cœur de maman a tremblé en lisant ton billet. Je comprends ta colère, je comprends la réaction de son papa et je compatis pour ton pauvre enfant. J’ai retrouvé mon Loulou pleurant à la crèche après qu’un petit copain l’ai poussé pour lui prendre son jouet, ça m’a fait mal, j’avais envie de le prendre et de l’emmener loin de toute violence… Et pourtant, ce n’était presque rien…. Bon courage et j’espère que les choses vont s’améliorer !

  6. Mon fils (7 ans) a vécu à peu près la même situation. Un enfant, connu pour être turbulent, embête pas mal d’enfant. On a toujours dit à notre fils de ne pas répliquer mais aviser un instit’ ou un animateur car c’était le même soucis au centre aéré. Il le disait aux anims, instits mais ça calmait le jeu quelques jours et rebelote. Parfois Laure enfant était assez violent, il prenait les autres enfants par le cou. On nous répondait qu’ils étaient au courant, que t’es un enfant en difficulté sociale etc… Classique. Et ça continuait. On a dit a noté fils ” bon, comme il continue à être méchant, s’il te tape, tu tapes. Une bonne claque bien forte sur la joue. T’y vas très fort.” Lui disait qu’il ne voulait pas être puni. On lui disait qu’importe, de notre côté ” tu ne seras pas puni, on n’expliquera tout à la directrice, t’en fais pas pour ça”
    Le lendemain je vois la directrice et je lui expliqe une énième fois le même soucis. Elle me ressort le même discours. Je lui dis :
    ” de notre côté on a réglé le soucis. Si X ennuie encore mon fils, on l’autorise à lui en mettre une, sans prévenir. Et d’y aller de bon cœur. Il est prévenu que même si vous le punissez, nous on ne fera rien et on l’encouragera a recommencer si X persévère. Hein Nico, si X t’embête tu lui en mets une, on ne te punira pas
    -attendez euh non !
    -bah si. Ça fait des mois que ça dure, votre méthode marche pas et la conciliation non plus, je passe au plan B. Notre fils a notre aval.
    -bon, on va réglé ça…”
    Depuis ça va beaucoup mieux….

    1. Que c’est dommage de devoir en arriver là.
      Je comprend totalement, cependant.
      Mais j’avoue que j’ai peur aussi que si mon fils réplique, ça finisse mal…

      1. Cela me fait peur aussi, la réplique disproportionnée. D’où la “bonne claque”, voire l’aller-retour et les coups de pieds uniquement dans les jambes (les cuisses ça paralyse temporairement).

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