Je suis une super maman

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Du moins, c’est ce qu’on me dit.

Mon médecin traitant, que je ne vois que très rarement, faisant souvent de l’automédication, ne tarit jamais d’éloges quand je vais le voir.

Cela avait commencé à la naissance de Gremlins. Gremlins était ce qu’on appelle un Babi, un bébé aux besoin intenses.
Un mois après sa naissance, j’étais Ko et je passais 3 jours hospitalisée pour une ablation de la vésicule.

Déjà, à l’époque, mon doc me disait que j’assurais, que j’étais une super maman, qu’il était épaté.
Je ressortais à bloc de son cabinet.

Puis j’ai eu Schtroumpfette. Elle a commencé à montré une différence. Tisinge est arrivé par dessus. Et je n’ai pas attendu ses deux ans pour reprendre un boulot.

Et mon médecin, mes amis célibataires, de continuer à me dire que j’assurais grave.

Puis cette année, de gros changements.

Ma séparation. Mon déménagement. Une nouvelle vie à mettre en place. Ma formation. Mes projets d’avenir.

Et là encore, mon médecin, vu la semaine dernière pour une grippe, qui me dit que je suis une super maman, que je l’épate, qu’il aimerait pouvoir me faire parfois rencontrer des mamans patientes qui se prennent la tête au quotidien et qui ne vont pas bien.

D’autres personnes, avec ou sans enfants me disent la même chose. Que je les épatent, à réussir à tout gérer ainsi, seule. De faire tout ce que je fais avec 3 enfants et peu de moyens.

Chaque fois, j’ai l’impression qu’ils exagèrent. Qu’ils ne disent ça que pour me motiver, m’encourager, alors même que je les sens vraiment sincères.

Pour moi, je ne suis pas une super maman. Je suis une maman, une femme, qui fait des choix et les assument.
Oui, j’ai décidé de me séparer et de déménager. Oui, j’ai décidé de reprendre une formation en sachant qu’avec 3 enfants encore petits, j’allais en baver.
Oui, j’ai pris des risques. Pas toujours très très calculés.
Mais qu’on m’en félicitent en me disant que je suis super d’arriver à faire tout ça me semble toujours trop.

Parce que je ne suis pas super. Je fais, c’est tout. Ai-je le choix ? J’ai fait des enfants, il faut bien les assumer, non ?
J’ai décidé de reprendre une formation. Je dois donc me débrouiller pour que ça marche et ne pas mettre mon année en l’air.
J’ai décidé de me séparer. A moi d’assumer les conséquences, même quand un contact, la tendresse me manque.

Pour moi, ce que je fais chaque jour, c’est juste naturel. Ça doit être fait, donc bon, rien d’exceptionnel.
De mon point de vue, je ne fais rien d’exceptionnel ni de fantastique, bien au contraire. Rien qui ne mérite qu’on s’y arrête, qu’on m’en félicite.

Et pourtant, si je prends un peu de recul, si je mets quelqu’un d’autre à ma place, je me rends compte que non, ce n’est pas si banal.

J’ai eu 3 enfants en 3 ans ½ que j’assume et élève du mieux que je peux.
Ils ne sont pas parfaits, ils me font sortir de mes gonds régulièrement et je peste souvent sur les problèmes d’éducation et d’autorité que je peux rencontrer.
Je me dis souvent que je ne suis pas la mère que j’aurais aimé être, que j’aurais pu mieux faire.
Mais si je regarde bien, ils sont plutôt épanouis et heureux. N’est ce pas le plus important ?

J’ai été en couple 12 ans. 12 ans de hauts et de bas. Mais 12 ans quand même. Ça compte.
Je ne regrette rien, hormis la fin. Je trouve dommage que douze années si riches se finissent comme ça.
Mais j’ai réussi à faire en sorte que cette séparation soit apaisée, qu’elle ne fasse de mal à personne, ou du moins le moins possible. Et j’ai l’impression d’avoir plutôt bien réussi.

J’ai commencé une formation.
Je galère avec les horaires, j’ai du mal à me remettre dans le bain des études, à retenir toute cette masse d’information.
Je suis fatiguée, parfois stressée et aux bords des larmes de rater cette année faute de n’avoir pas été assez rigoureuse ou de n’avoir pas réussi à retenir ce qu’on m’apprends.
Mais j’ai 33 ans. J’ai repris des études. Je m’y donne à fond. Je suis motivée. Et je crois que je peux être fière d’avoir eu le courage, à mon âge, de repartir de zéro et de donner une chance à mes rêves d’ado de se réaliser, non ?

J’ai eu le courage d’assumer mon obésité au lieu de me cacher derrière des oeillères. De décider qu’il fallait affronter ça et la vaincre enfin. J’ai été opérée. Ce ne fut ni facile, ni sans douleurs.
Deux ans plus tard, je suis plutôt contente du résultat, même si je suis fatiguée, carencée parfois.
J’apprends à me regarder et à m’aimer, à m’occuper de moi et à me sentir désirable.

Si je regarde tout ça, finalement, il y a beaucoup de raisons d’être fière de moi. Alors pourquoi ça me gêne tant, qu’on me fasse remarquer que ce que je fais n’est pas banal ni facile mais que j’assure plutôt pas mal ?

Parce que je manque de confiance en moi ?
Parce que je sais que d’autres vivent des choses encore plus difficiles et de façon plus admirables que moi ?
Ou, tout simplement, parce que je pense du fond du cœur qu’on est toutes des supers mamans, quel que soit nos vies et nos choix, et que je ne mérite donc pas qu’on monte mes actions en épingles alors qu’on est si nombreuses à assurer ?

7 commentaires sur “Je suis une super maman”

  1. 1/ c’est un bon médecin, et le fait de se sentir “regonflé” en sortant de son cabinet est important. Peu de gens savent valoriser les autres, sans attente en retour. Heu, il est célib??? 😉

    2/ on voit tant de gens qui n’assument pas leur vie que quand quelqu’un a du courage, oui il fait la différence. Se prendre en main et prendre des décisions pour changer, ce n’est malheureusement pas donné à tout le monde. J’aime bien les personnes comme toi qui OSENT 😉

    3/ Oser ces projets vont te donner plus de résultat et d’estime que tu ne penses. J’ai 35, moi aussi je suis retournée aux études à une période de ma vie, alors que mes enfants étaient petits. …J’ai eu mon diplôme avec mention.

    continue comme ça!

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