Et 18 mois plus tard, on en est où ? #harcelementScolaire

Je me suis rendue compte il y a peu que je ne vous ai jamais raconté la suite/fin du harcèlement scolaire subit par Gremlins.

Je vous avais laissé en vous disant que nous avions été reçus par la Mairie d’Angers qui avait pris les choses au sérieux et essayés de trouver des solutions (mais difficile de faire quelque chose quand le principal intervenant, le directeur d’école, nie et minimise les faits)

Gremlins est donc retourné à l’école au bout de 5 semaines de déscolarisation (donc 2 de vacances).
Il y a été la boule au ventre.

J’avais décidé qu’il devait voir un psy pour l’aider à évacuer et à parler de tout ça, lui qui se renferme dès que quelque chose ne va pas.
Son sommeil était léger, court, il avait beaucoup d’angoisses….

La psychiatre a diagnostiqué une dépression. Le choc. A 8 ans, dépression. Je ne vous raconte pas le coup de massue sur la tête et les soirées à pleurer toutes les larmes de mon corps pour mon petit loulou.

D’autant que l’ambiance dans et autour de l’école s’est « légèrement » glacé…

Le directeur a apparemment été convoqué à plusieurs reprises à l’inspection académique.

Hé oui, j’ai fait un tel tapage et mes billets ont été tellement partagés et retwitter que c’était comme mettre un coup de pied dans une fourmilière. J’ai même fini par être contacté par le chargé de com de Najat Vallaud Belkacem.
Pas facile pour l’Éducation Nationale d’assumer un tel battage (et toutes les paroles qui se sont libérées à la suite) alors qu’ils étaient en pleine pub sur « Stop le harcèlement scolaire ».

J’ai donc envoyé des courriers à l’inspection académique, au rectorat, et au ministère de l’éducation national en racontant toute l’histoire et en renvoyant vers mon blog également, histoire qu’ils sachent que j’étais prête à aller très loin.

J’ai appris en fin d’année scolaire que l’école allait être mise sous surveillance renforcée. Ce qui signifie plus de moyens mais aussi plus de contrôles.
Néanmoins, la mesure principale que j’attendais n’a pas été prise : la mise à pied du directeur, et des excuses de ce dernier envers nous.

La fin d’année scolaire a été très dure. Gremlins ne se sentait pas bien dans cette école, et n’attendait qu’une chose : la fin d’année et la nouvelle école l’année d’après.

J’ai pourtant essayé de sortir mes enfants de ce groupe scolaire. D’autant que seule Schtroumpfette semblait y être bien.
Mais entre les écoles soumises à périmètres, les écoles privées qui n’acceptent pas d’avoir deux enfants (et d’une même fratrie) avec des AVS ou un enfant avec des troubles du comportement, le choix n’était pas très large.

Alors on a serré les dents et les fesses, et compté les jours jusqu’à la fin de l’année.

Le directeur, lui, m’en a énormément voulu. Et ce n’est pas peu dire. Car il a été jusqu’à des tentatives d’intimidation (qui m’ont fait beaucoup rire)(jaune).
Un après-midi, alors que je parlais avec une autre maman de ce problème tout en allant chercher mon cadet en maternelle (qui se trouve au rdc de l’école), je n’avais pas vu que le directeur nous suivait pour nous écouter, et je n’ai pas mâché mes mots (ce que je n’aurais pas fait même en le sachant, de toute façon).

En gros, ce sale con m’a suivi, puis interpellé agressivement en me sommant de ne plus parler de tout cela dans « son » école.
Ce à quoi j’ai rétorqué que si j’avais envie d’aller hurler qu’il était un sale con en plein milieu de la cour, ce n’était certainement pas lui qui allait m’en empêcher.

Alors, énervé, il a essayé de m’intimider en me menaçant « Vous voulez aller en discuter dans mon bureau peut être ??? »

(et non, ce n’était pas dit pour tenter un dialogue, il m’a dit ça de façon vraiment très agressive qui a choqué pas mal de gens autour)(je rappelle qu’on était dans la maternelle, donc pas dans son école, et qu’il m’y a suivi parce qu’il n’appréciait pas que je parle de son inaction)

Sur le coup, je l’ai regardé, mi-figue, mi-raison. Puis j’ai éclaté de rire en lui répondant « Vous êtes sérieux ? Vous croyez que j’ai 8 ans et que je vais me laisser impressionner par la menace d’une convocation dans votre bureau ? »
J’ai vraiment ri de son air dégoutté de voir que la menace ne portait pas.
J’ai fini la conversation en lui disant que je serais « ravie de pouvoir venir le taquiner dans son bureau de la même façon dont les camarades de mon fils l’ont taquinés » puis « maintenant, excusez moi, vous m’avez fait assez perdre de temps, allez donc faire votre boulot et moi, je vais récupérer mes enfants ».

Il a tenté de faire traîner les choses pour me donner les certificats de radiation de mes aînés, aussi, bloquant leurs inscriptions dans leur nouvelle école, jusqu’à ce que je tape du poing sur la table.

Bref, il nous aura fait suer jusqu’au bout.

Les vacances sont arrivées, les choses se sont apaisées. Puis 2-3 semaines avant la rentrée, Gremlins a commencé à avoir des problèmes de sommeil. Il n’arrivait plus à dormir, se réveillait plusieurs fois par nuit, se plaignait de maux de ventre.

Le stress. Mon loulou appréhendait de retourner à l’école.

Nous avons commencé l’homéopathie, ce qui lui a fait du bien, à mon grand étonnement.

Le jour de la rentrée, je ne sais pas qui de lui ou de moi était le plus stressé.

Lui avait peur : peur de ne pas avoir de copains, peur d’avoir des copains qui lui fassent du mal…

Moi j’avais peur pour lui, j’appréhendais la rentrée de Tisinge aussi, dont le comportement avait été si dur qu’il avait fini par être renvoyé de l’école et du périscolaire les deux dernières semaines d’école.

Le soir, en allant les chercher, je n’en menais pas large.
J’ai commencé par Tisinge, le « pire » selon moi.
Et là, une institutrice ravie, qui me dit qu’il a été adorable. Un Tisinge heureux et souriant qui a hâte de revenir le lendemain. Une AVS qui me dit que ça a été parfait. BONHEUR

Puis je file, la boule au ventre, récupérer mes aînés. Je vois Gremlins arriver, la tête baissée sous sa capuche. Mon cœur rate un battement « merde ! » et puis, il me regarde, s’approche l’air grave.
Je ne peux m’empêcher de lui demander si ça a été :

« Oh maman, je peux rester dans cette école toute ma vie ».
J’ai chialé. Chialé devant des parents qui ne comprenait pas. Devant ma copine qui savait et avait un sourire énorme au visage.

Au bout de 3 semaines d’école, plus d’angoisses, plus de nuits pourries.
Il a eu encore besoin de ses granules de Passiflora Composée pour dormir, mais c’était plus pour se rassurer, un peu placebo, je crois. Car il oublie parfois de les réclamer et n’en dort pas plus mal pour autant.

Il s’est fait des copains. Il a été invités à leurs anniversaires, à fait le sien…

Quand nous passons devant l’ancienne école qui est à quelques centaines de mètres de notre appartement, mes deux garçons se raidissent, et Tisinge n’a pas de mots assez fort pour cracher son dégoût de cette école.

Moi, je suis juste dépitée d’avoir fait perdre un an à mes garçons. Ils ont tellement mal vécus cette année.

Et si les choses avaient changés, j’aurais pu m’y faire. Mais non. J’ai appris que plus de la moitié des enseignants étaient partis pour d’autres écoles. Que l’école devient un ghetto.
Dans l’école où je travaillais l’an dernier, j’ai reçu des coups de fils de 3 familles souhaitant ôter leurs enfants de cette école pour la nôtre (ou une autre) pour cause de harcèlement.

Et ça me met en colère de voir qu’aucune leçon n’a été apprise de tout ça.
Le directeur est toujours en place et continue à ne rien voir. Et pourtant, l’école est sous surveillance.
C’est flippant.

Cette école fait partie d’un groupe de 3 écoles pour lesquelles l’inspection académique refusent que les familles puissent partir.
Car les écoles deviennent tellement horrible que la mixité y est de moins en moins assurée, et qu’elles se vident petit à petit.
Pour ces écoles, si les parents veulent vraiment changer, ils doivent soit déménager, soit passer par le privé (quitte à changer pour le public en cours d’année ou l’année d’après). Mais ils ne peuvent passer de ces écoles publiques vers d’autres écoles publiques.

On prend les parents et leurs enfants en otages pour cacher le problème au lieu de chercher à le résoudre, c’est flippant.

C’est là que je me rends compte que j’ai de la chance d’avoir osé braver les institutions, d’avoir osé menacer, tempêter. La chance aussi de savoir me renseigner, trouver les infos nécessaires à mon combat. Car de nombreux parents se taisent et subissent, et leurs enfants aussi, faute de savoir qu’ils ont un certain pouvoir….

Je suis choquée, avec le recul.
Choquée d’avoir dû changer mes enfants d’école pour les protéger. Depuis quand est-ce aux victimes de fuir, la tête basse, pendant que leurs agresseurs vivent tranquillement ?

Choquée de savoir que ça ne change rien.

Choquée, aussi, que malgré les belles paroles sur « Le harcèlement scolaire, c’est mal », « on forme nos enseignants et directeurs », « on fait tout pour que ça n’arrive plus », je puisse apprendre que l’Éducation Nationale puisse soutenir des écoles qui ne font rien en obligeant les parents à rester, sans rien faire.

Finalement, loin de ses beaux discours, l’Éducation Nationale est autant coupable que les agresseurs. Parce qu’elle ne fait rien et les soutient.

Désormais, chaque fois que j’entends parler de ce genre d’histoire, je conseille aux parents de porter plainte et contre les agresseurs, mais aussi contre l’école et contre l’inspection académique.

Ça ne changera peut être rien. Mais peut être que si…

3 commentaires sur “Et 18 mois plus tard, on en est où ? #harcelementScolaire”

  1. Ton récit bien que triste est très intéressant et permet de se dire qu’il ne faut pas se laisser faire!
    Et c’est vrai que c’est très compliqué et parfois, les parents ne savent pas quoi faire…
    Je suis outrée, choquée et en colère, que même en sachant les harcèlements etc personne en haut lieu ne fasse rien et même empêchent les parents d’ôter leurs enfants! C’est de la maltraitance pure.
    Mon 5 ans et demi a également eu 2 années de maternelle pas des plus simples…De fait, c’est un petit garçon anxieux maintenant (peut-être avant mais disons que ça a empiré) et je reste très vigilante pour cette année. C’est inadmissible que des enfants subissent un tel mal-être à l’école et ce, de plus en plus jeune!
    Bref, ce sujet me révolte et d’autant plus que les “actions” menées sont encore une fois juste de la poudre aux yeux.

  2. j’avais déjà suivi auparavant
    ma grumelle en a été victime et au final quand j’ai menacé l’école de porter plainte ce sont les parents des harceleurs qui se sont plaint a l’inspection académique et c’est qui qui s’est fait remonter les bretelles —> bibi
    un certain favoritisme de la directrice envers cette famille s’est installé du coup forcément je redoute fortement l’arrivée en cm de ma deuxième simplement parce qu’elle a dans sa classe la frangine de l’ainée qui avait harcelé la mienne
    bref quoi qu’il en soit ne rien lacher et tenir bon
    c’est facile de s’en prendre aux enfants et de menacer surtout quand on est “couvert”

Un petit mot doux ? N'hésitez pas !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.