Acharnement thérapeutique

acharnement thérapeutique
Sources : http://www.alliancevita.org/

Je ne rentrerais pas dans la polémique des cas Humbert, Lambert ou autres. Parce qu’il est difficile, quand on est pas dans le cas, d’être objectif et d’avoir un avis autre que spéculatif (oui, j’utilise des mots savants aujourd’hui, je suis une dingue)

Mais l’acharnement thérapeutique, comme beaucoup de monde, j’ai mon avis dessus.
Un avis pas tout à fait clair, si ce n’est que je sais que je ne veux pas me retrouver un jour clouée dans un lit, tel un légume, et qu’on s’obstine à me garder en vie alors qu’on sait d’office que je ne retrouverais jamais une infime autonomie.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est que je suis actuellement personnellement touchée par ce problème.

Il y a trois semaines, un hôpital appelait ma mère pour l’avertir que son père avait été hospitalisé dans un état critique.
Grand fumeur, alcoolique, nous avons appris ce jour là qu’il se battait en plus depuis plusieurs mois contre un cancer dont les médecins n’arrivent pas à déterminer l’origine.

Opéré la veille de l’appel pour ôter une tumeur, l’opération s’était bien passée, ainsi que le réveil. Jusqu’à ce qu’il cesse de respirer.

Depuis 3 semaines, mon grand père est donc dans un lit d’hôpital, en coma artificiel, sous respirateur.

Son état s’est dégradé peu à peu : ses reins sont en train de lâcher, ses poumons aussi…

Nous savions qu’il était totalement contre l’acharnement thérapeutique. Qu’il ne voulait pas se retrouver dans un lit d’hôpital sans pouvoir bouger et sans vrai espoir de guérison.

Nous en avons fait part aux médecins. Et nous n’avons pas été entendus…

Depuis 3 semaines, donc, cet homme est maintenu artificiellement en vie.
Si pendant quelques jours, il avait pu être réveillé de son coma, ce fut très bref, mais assez long pour qu’il fasse comprendre qu’il voulait qu’on arrête de s’acharner sur lui.

En début de semaine, les médecins avaient dit à ma mère qu’ils statueraient jeudi sur son cas, et prendrais enfin la décision que nous attendons.

Et nous avons eu la mauvaise surprise d’apprendre qu’ils avaient pris une décision aberrante.

Aberrante car eux même sont conscients qu’il y a peu de chance qu’il s’en sorte. Mais ils ont décidés de lui faire une trachéotomie pour le maintenant sous respirateur, afin d’aider ses poumons a continuer de respirer.

Face à notre incompréhension et notre colère, ils ont essayés de minimiser cet acharnement en nous certifiant qu’ils ne feraient que ça. Que si jamais mon grand-père avait besoin d’une dialyse ou d’un traitement dit « fort », ils ne le ferait pas.

Que nous importe qu’ils refusent de faire ces soins là, s’ils continuent à obliger son cœur à battre, ses poumons à fonctionner ?
Car il peut passer des mois, des années dans cet état.

Des mois, des années pour nous à attendre la fin d’un homme qui refusait d’être un légume et qui se retrouve actuellement dans un coma dont ils ne le sortiront pas…

Quel intérêt cet trachéotomie, sachant cela ?

Ne serait-il pas plus humain de respecter ses dernières volontés et les nôtres et permettre un départ dans de bonnes conditions, et non pas cette lente agonie qui nous brise nous, sa famille ?

Attention, je ne parle pas d’euthanasie, qu’on ne se trompe pas de sujet.
Je parlerais d’euthanasie s’il y avait besoin de l’aider à mourir.
Ici, ce n’est pas le cas. Car c’est déjà un mort en sursis.
S’il n’y avait pas le respirateur, le traitement antibiotique pour ses poumons, il serait déjà mort.

Si par le plus grand des hasards, ils arrivaient à le réveiller, ce serait pour qu’il passe le reste de sa vie attaché à son lit d’hôpital, sous respirateur, et avec un rein artificiel.

Les médecins eux même savent qu’il ne pourra plus être réveillé de son coma sous peine de le tuer.

Je suis donc en colère contre ces médecins qui, au nom de leur toute puissance, décident de passer outre notre décision et la sienne et continuent à s’acharner contre lui.
De là à penser que les 3000 € par jour que leur rapporte mon grand-père guide leur choix grotesque de le garder en vie le plus longtemps possible dans le coma, il n’y a qu’un pas que je franchis allégrement !

Pour eux, c’est simple. Il faudrait que mon grand-père puisse manifester son désir de cesser tout soin.

Tellement facile de nous dire ça quand il est dans le coma.
Tellement facile de dire ça alors que même réveillé, ils ont refusés de le détacher pour le laisser signer un papier qui dirait qu’il refuse tout acharnement.
Tellement facile de dire ça alors que quand il a fait comprendre qu’il refusait l’acharnement, ils ont décidés de ne pas le prendre en compte parce qu’après tout, on ne pouvait savoir s’il avait toutes ces capacités.

Nous nous retrouvons donc dans un non sens complet.
Il faudrait que mon grand-père puisse signifier son refus de tout acharnement. Mais il est dans le coma et n’en sortira plus.
Et même s’ils le réveillait, ils ne se fieraient pas à son désir, « parce qu’on est pas sur qu’il ait toutes ces capacités mentales pour prendre une telle décision »
Et alors même qu’une telle chose permettrait donc à sa famille de prendre les décisions à sa place, du coup, on nous nie ce droit en nous disant qu’il faut que ce soit lui qui signifie ce choix.

Le chat qui se mord la queue.

Nous ne savons plus quoi faire pour que son désir soit pris en compte, que notre désir et notre souffrance soit entendu.

Laissez le mourir. Laissez nous cesser d’attendre dans une lente souffrance.
Laissez nous le droit de lui dire enfin au revoir et de ne plus assister à cette lente agonie, cette lente descente aux enfers qu’il subit chaque jour….

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